Des parfums pour la rocaille

Nombre d’espèces montagnardes méritent une place de choix dans la rocaille, leur adaptation à l’altitude a transformé leurs feuilles en épaisses rosettes et la plus connue est la primevère auricule ou oreille d’ours. Venu des Alpes, le type sauvage produit des fleurs jaunes alors que les hybrides, en vogue jusqu’à la Première Guerre mondiale, sont un peu oubliés, ils font fureur outre-manche où il existe des associations spécialisées. L’éventail des couleurs va du vert émeraude à l’orange en passant par le rouge, le bleu, tous poudrés ou non d’argent.

Souvent, les fleurs dégagent un délicieux parfum de fleur d’oranger. Leur parfum, leur précocité (dès février) et leur facilité de culture sont autant de raisons pour réhabiliter la culture de ces beautés.

La minuscule Primula marginata présente des feuilles frangées d’une bordure dorée ou argentée. Elle met en relief les fleurs lilas en pompons légers. Venue d’Italie, Primula palinuri est une curiosité pour collectionneurs. Ses fleurs jaunes saupoudrées d’argent sont entourées de bractées elles-mêmes argentées tout comme la tige. Ces trois primevères sont sensibles à l’humidité permanente, vous pouvez les planter entre deux pierres qui les mettent en valeur tout en éloignant l’eau stagnante de leur collet. En revanche, les racines apprécient la fraîcheur et les rochers sont utiles car ils font office de paillis.

Les plus délicates pour le nord:

Dans les coins ombragés, exposés au nord et abrités du vent, de superbes espèces prennent place et c’est l’endroit idéal pour acclimater dans une poche de terreau trois merveilles asiatiques de printemps et d’été. La première est Primula denticulata dont la forme Cachemiriana à grosses fleurs est la plus connue. Écloses dès mars, ses grosses ombelles roses ou blanches ont la forme d’un pissenlit en graines.

En juin, s’épanouit Primula waltonii est une fleur robuste qui possède des tiges et des feuilles opalescentes d’une fraîcheur incomparable. Les fleurs ourlées d’or varient du jaune au violet en passant par d’étranges tons mauves ou bruns. Cette espèce mérite d’être isolée pour sa beauté et pour sa rareté.

Primula capitata est la dernière à fleurir de tout le genre, c’est une des plus belles et des plus raffinées, ses fleurs sont d’un étonnant bleu ardoise et la couleur rare dans la nature. Elles sont d’autant mieux mises en valeur que la tige et les boutons floraux sont recouverts d’une farine argentée. Elle fait mentir la réputation printanière des primevères et elle s’épanouit fin juillet et jusqu’en août.